UNE ÉTERNELLE INSATISFAITE
L’entraînement est terminé, un mélange de sentiments se mêle en moi. Je suis fatiguée et mon corps a mal, je suis satisfaite de ce que j’ai produit aujourd’hui mais insatisfaite car j’aurais voulu faire plus, réussir plus et encore plus progresser… Cette quête de perfection est toujours présente. Je suis une éternelle insatisfaite, et cela depuis que j’ai commencé la gym (de nombreuses années maintenant).
Mon rituel s’installe, place à la récupération, sauna bain froid ou une cryothérapie corps entier puis ensuite, je retrouve ma kiné préférée pour une séance de soins et de papotage. Rien de mieux pour décompresser, me redonner un regain d’énergie, et permettre à mon corps de tenir encore les entraînements du lendemain.
Il est 20h, direction le self de l’Insep … Les beaux jours arrivent, il va être appréciable de manger dehors et de profiter des derniers rayons de soleil après avoir passé sa journée dans une salle de gym, ou dans sa chambre à bosser ses cours.
Le repas, quel bonheur, quel plaisir, mais quelle frustration perpétuelle. Je sais que le lendemain j’aurais besoin de me sentir légère à l’entrainement alors aucun excès n’est permis surtout en ce moment avec les compétitions importantes qui arrivent. Mon poids encore et toujours une éternelle insatisfaction. En gymnastique et comme beaucoup d’autres sports artistiques, on est très regardé et on décortique sans cesse notre physique, le moindre kilo en trop est remarquable. Au bout de 10 ans de haut niveau, la moindre remarque est insupportable et c’est un facteur de manque de confiance en soi récurrent chez les filles.
Ça y est, je suis dans mon lit, enfin. Mon corps n’est qu’une seule douleur et la fatigue est omniprésente, je me repasse en boucle les entraînements d’aujourd’hui. Recherchant les moindres détails imparfaits, et ce que je dois faire le lendemain si je veux être prête le Jour J. Ça me pèse, ça me prend la tête, je réfléchis encore et encore, les mouvements se passent en boucle dans ma tête, je voudrais dormir, j’en ai besoin mais je n’y arrive pas. Mon cerveau est bourré de doutes, d’incertitudes, mon corps crie de douleurs, il commence à se faire tard et l’angoisse de ne pas assez dormir surgit. Finalement, je m’apaise, j’arrête de penser à la gym, j’écoute de la musique et m’endors…
Je suis une personne stressée, je doute beaucoup de moi et de mes capacités mais quand j’ai un objectif en tête, quoi qu’il se passe, peu importe les embûches qu’il y aura, je ferai tout pour l’atteindre et je ne baisserai pas les bras tant que je ne constaterai pas par moi-même que c’est irréalisable. Je suis têtue et ce que j’aime énormément c’est réussir alors je mets tout en œuvre pour y arriver. Blessures il y aura, tristesse, colère, doutes et frustrations feront partie de mon quotidien. Mais l’Amour pour mon sport me permettra d’atteindre la joie et le bonheur tant recherché et tant convoité …
Quoi qu’il se passe, je tomberai mais je me relèverai une fois de plus.
Et cette fois de plus, je l’apprécierai encore plus car je sais à quel point le chemin parcouru fut difficile, malgré tout je sais pertinemment que je chercherai à atteindre encore plus. Je ne pourrai jamais vous dire si c’est bien ou mal mais c’est mon tempérament. Et celui de beaucoup de sportifs de haut niveau.
Youna Dufournet